lundi 2 janvier 2012

Chine de l'Ouest, mon coup de coeur (4) - Shangri-La

Je suis en dernière phase du retour (je crois). J'ai eu vraiment beaucoup de difficulté à voir les photos de voyage durant un certain temps, et à écrire à leur sujet. L'adaptation du retour en tant que tel est une expérience psychologique super intéressante si on a les bons outils pour passer à travers. Je concluerai ce blogue avec les différentes étapes d'adaptation. 

Mais pour le moment, terminons le voyage. 


Shangri-la a une aura mystique rattachée à son nom, suite à un livre la décrivant comme un paradis terrestre, lieu fictif où les habitants vivent des centaines d'années (j'ai appris par la suite que l'auteur n'est jamais allé en Chine). 

Costume traditionnel: chapeau fushia, pantalon et tablier (sous le tablier rose très chinois pour pas se salir)

Dans la vraie Shangri-la, renommée ainsi pour des raisons marketing, l'authenticité est un peu sacrifiée pour plaire aux touristes (Chinois), mais beaucoup moins qu'à Lijiang. Ici, pas de cacophonie. Chaque soir, les locaux dont la plupart sont issus de minorités Tibetaine, Naxi, Bai, Yi et Lisu font une danse où tous sont invités, au coucher du soleil. Les gens sourient! La vente y est moins féroce, beaucoup plus agréable. Des femmes en costume traditionnel de leur minorité respective font griller légumes et viandes du coin, au milieu de la grande place pour des petits prix. On y mangeait presque tous les jours, et avions droit à un grand sourire chaque fois!














Nous avons aussi loué des vélos pourris (comme toujours haha!) pour faire le tour du lac. Une rando de 30 km, à 2500 m d'altitude. On s'était un peu habitués lors de la rando dans les gorges, où on a passé une nuit à cette altitude, mais j'avoue que je cherchais encore mon souffle. C'est une des journées un peu dangeureuses pour moi... vous allez voir pourquoi.


Le lac Napa est en fait un grand marais, qui se remplis durant la saison des pluies, et s'assèche durant la période sèche. Les animaux "marchent" dans le lac, car en de nombreux endroits, la végétation est assez dense pour soutenir le poids des chevaux et yaks qui s'y promènent. 

Le troupeau de yaks... et mon vélo!!
Le yak qui m'a chargée... en plein départ!
J'ai laissé mon vélo en bordure de route, et suis allée me promener avec mes compagnons sur le lac. Entre-temps, un troupeau de yaks s'avance lentement en brouttant, et a fini par encercler complètement mon vélo. Une nak est couchée pas très loin. On prend des photos, bien sûr. Jusqu'à ce qu'un gros mâle décide qu'on est trop près et commence à me charger. Je sais pas si vous avez déjà vu ces bêtes-là, mais c'est gros en TA et ça a des cornes longues de 20-30cm!! ET ÇA COURT VITE!!

Brave comme je suis, je me suis retournée et suis partie à la course en criant :)) Il s'est arrêté de me pourchasser quand il a jugé que j'étais assez loin de la femelle. Une chance que c'était pas un prédateur: il ne se serait pas arrêté! Il a fallu encore attendre pour que le groupe de yaks se déplace et que je puisse récupérer mon vélo. Depuis ce temps-là, je me méfie de ces petites bêtes-là, même si celles qu'on a rencontré par la suite sont dociles et peureuses comme tout!


La balade était fantastique, les paysages sublimes dans la campagne entièrement Tibétaine. Des collines à n'en plus finir, de l'air frais et cristallin, de la campagne et du foin qui sèche sur des treillis immenses. 


Trois hommes sur mon vélo pourri.
Et qui dit collines dit côtes à monter, tabarnouche! J'ai forcé comme une bonne avec mon vélo scrap pour monter une colline qui n'en finissait plus. Je ne me sentais pas super bien, étant donné l'altitude, mais j'ai réussi. 

Cette nuit-là, par contre, je me suis réveillée avec des difficultés respiratoires. C'était plutôt étonnant, puisque c'était la troisième nuit à 2500m et que je n'avais pas eu de problèmes auparavant. Mais là, on s'entend qu'on ne peut plus respirer... ben c'est un peu paniquant! Et on est sur un plateau, alors pas vraiment de possibilité de redescendre d'altitude. Ça a pris toute ma concentration pour focuser sur ma respiration et me calmer (je suis poche en méditation, mais là, il y avait une extra-motivation!). J'ai calé une bouteille de 1L d'eau et pris des ibuprophènes (je n'avais pas d'aspirine) dans l'espoir de diluer mon sang et diminuer la réaction possible d'oedème pulmonaire. Aucune idée si ça aurait vraiment fait quelque chose en cas de vrai oedème, mais quand tu respire plus, ben t'essaie des choses. Comme ça avait l'air stable, je suis restée dans une position semi-assise dans le lit, une position qui favorise une meilleure capacité respiratoire après opération à l'hôpital, pour le reste de la nuit. Au matin, je me sentais beaucoup mieux. La frousse passée, mais pas très reposée :)


À Shangri-La, les rues sont désertes le matin, les drapeaux pendent dans le matin sans vent, alors que les hauts-parleurs transmettent les prières des moines. C'est un moment magique, étonnant. On se demande où sont les gens. Les chants des moines attirent jusqu'au monastère, où la vie de toute la ville bat son plein. Les grands escaliers sont grimpés rapidement par les enfants, péniblement par les plus vieux, dans leur plus beau costume. Ils vont faire leur dévotion à Bouddha, certains pieusement à genoux, certains se couchant carrément par terre. C'est aussi à cet endroit qu'existe la plus grande roue de prière au monde. 

Les familles brûlent des offrandes dans des fours, envoyant  leur prière au cieux.

Sortie de famille, dans leurs plus beaux atours.
J'ai adoré mes quelques jours à Shangri-La, cette porte d'entrée à la vie rurale Tibétaine qui ne cesserait de nous étonner dans les jours suivants.